WE du 7-8 Novembre 2015 de 10h-18h

Stage autour du field-recording avec Pali Meur­sault

Formations
ACSR - 49, rue Saint-Josse - 1210 Bruxelles

Intentions et démarche artistique:

« Quoi qu’il y ait sans doute autant manières de le pratiquer qu’il y a de preneurs de son, on peut au moins dire de l’enregistrement de terrain, du field-recording, qu’il nous confronte à un terrain, justement, et qu’il nous engage dans une relation avec des lieux… Le « lieu », cependant, n’est pas une idée simple, qui recouvrirait une réalité uniforme : la singularité du lieu doit autant à ses caractères topographiques qu’à nos manières de le percevoir, il est autant une réalité objective qu’une construction subjective, dépendante de notre point de vue. Et puisqu’il s’agit d’enregistrer, de fixer un peu du lieu sur un support, la question se rejoue, se déplace : qu’est-ce que le son fixé dit du lieu ? De quoi témoigne-t-il ? Quel nouveau « lieu » se forme dans cette deuxième écoute, décontextualisée ?

Le matériel d’enregistrement numérique d’aujourd’hui voudrait réactualiser la promesse totalisante (pour ne pas dire « totalitaire ») d’une mémoire infaillible, panoptique, objective : nous ne raterions rien, tout serait documenté, et géolocalisé. Et pourtant, malgré les innovations technologiques qui conduisent à l’épuisement de l’« ici et maintenant », le lieu continue de nous échapper, de glisser dans ses multiples temporalités, de se recomposer à travers une multitude d’interprétations possibles. Au final peut-être ne pouvons-nous capturer qu’un fragment d’expérience, un lieu possible, un moment de notre interaction avec l’environnement. Du moins, à l’échelle de ces deux jours d’expérience, jouerons-nous à prendre ce parti : plutôt que de s’en remettre à une méthode objective, ou même scientifique, pour décomposer le lieu jusqu’à en mettre à jour l’hypothétique essence ou la vérité documentaire, on se placera volontairement et radicalement du côté de la subjectivité et de la composition (pour ne pas dire du mensonge).

La proposition consisterait donc à essayer de composer « avec » le lieu plutôt que sur ou à partir de lui, d’en faire un « partenaire » plutôt qu’un objet. On laissera donc volontairement de côté le fait d’avoir quelque chose de vrai ou de pertinent à dire sur l’endroit où l’on se tiendra, pour considérer la « plasticité » du paysage sonore : le « lieu » comme quelque chose à sculpter, à transformer, à inventer…

Il nous faudra aussi prendre le parti du corps, et assumer nos présences d’observateurs partiaux, en faisant de la marche, du mouvement, des interactions avec les autres et avec l’espace de véritables outils de montage, qui nous permettront d’engager le travail de composition au moment même de la prise de son, sans retourner en studio. Et puisque nous aurons pris ce parti du « mensonge » esthétique, il nous faudra inventer aussi les tactiques, les règles, les protocoles ou les contraintes qui nous permettront déjouer et de rejouer nos habitudes perceptives, nos goûts, nos certitudes ou nos conformismes d’usagers de la ville, afin d’inaugurer avec le lieu une relation ouverte, indéterminée et singulière. » Pali Meursault

Tout le programme ici > http://www.acsr.be/wp-content/uploads/stage_field_recording_2015.pdf

INSCRIPTION: avant le 19 octobre à: stages@acsr.be