Et si d’autres mondes étaient possibles ? Et si les Cités de la Grèce antique (Athènes, Argos, Thèbes…) avaient colonisé des continents et étaient devenues de véritables civilisations modernes ? Et si les super-héros avaient réellement existé ? Et si un « journaliste-prêtre » aux étranges pouvoirs était envoyé par son Dieu dans ce monde pour y mener une enquête ?
Une uchronie librement adaptée de la tragédie d’Euripide Les Héraclides – mais surtout une féroce satyre politique et sociale de notre temps.

Version 133

Autopoïèse
« Elle est comment votre douleur là ? Sur une échelle de 1 à 10, elle est à combien ? ».
Derrière le rideau blanc d’une salle d’opération, se dresse un décor abstrait, celui d’un voyage qui prendrait sa source au coeur même d’une blessure. C’est ainsi que dans un état semi conscient, je reçois la visite du centaure Chiron. II m’indique un passage, un tout petit espace, une synapse, d’où provient un chant bien étrange…
Partant d’un événement vécu et des rencontres du réel, Autopoïèse propose des chutes et des variations, une descente vers la fiction, la poésie et la mythologie.

Peur-répondre
Commentaires amenés à parler. Une création radiophonique de textes trouvés.
Au moment où l’outil politique — peur — est fécondé par la numérisation des médias une réaction semble vitale: articuler et partager les peurs diffuses, sournoises.
Les commentaires sont des fils de discussions sans queue ni tête. Ces polylogues se transforment-ils quant on tente de les faire entendre?
Malgré les algorithmes qui filtrent, analysent, censurent et des équipes d’administrateurs qui gèrent du contenu; il n’y a pas de vue d’ensemble. Nous ne pouvons qu’en retenir des fragments, des instantanés, des snap-shots. Des idées.
Comme matériau d’écriture, Peur-répondre utilise des commentaires écrits, authentiques, trouvés sur internet. Ils sont pris aux sérieux et interprétés par des voix amateurs. Nous avons rassemblé ces fragments sonores sous forme de collage.
Le discours n’est pas détachable du média. Quelle tableau apparaît lors d’une sonification hybride de ces plateformes, forcément subjective et linéaire? Nous avons traduit et rendu audible les éléments visuels des plateformes: Para-textes, Thumbnails, Likes, Scrolls etc.
À la place de la quantification et de la statistique, nous cherchons à rendre compte avec nos moyens artistiques. C’est notre contribution à la discussion.

La parole chanceuse
La Parole chanceuse est, à l’origine, un court texte de Marguerite Duras issu de son recueil La Vie matérielle, dont ne subsiste ici que le titre. L’auteur y décrit l’armement invisible que procure une parole dite « chanceuse » face à un auditoire. Et quand ça vous est arrivé une fois parait-il, la parole chanceuse, ça vous arrive tout le temps ensuite.
L’emprunt de cette formulation « magique » sert de prétexte au déroulement d’un récit : le quotidien d’un foyer de jeunes filles, leurs apprentissage du monde. Les indices de temps, de lieux et d’actions sont lacunaires. À ce récit est enchâssé le discours de Mohamed Ali qui précéda son combat contre George Foreman en 1974.
La Parole chanceuse est une pièce radiophonique et musicale qui interroge tout à la fois le pouvoir émancipateur du verbe mais aussi son impuissance. Le premier enjeu de cette pièce fut d’interroger les codes du récit oral où la dramaturgie repose tout autant sur les mots qu’à travers la voix du narrateur, sa prosodie. Ce double lexique, entre représentation du langage et perception sensible de la voix, est devenu terrain d’exploration formel et musical. Cette infirmité du verbe à figurer les angles morts du langage est contournée par la voix elle-même. Le trébuchement des énoncés, les grains de voix variés, les arrêts et fractures donnent certains indices perceptifs au récit, à sa narration. Marguerite Duras et Mohamed Ali sont convoqués comme les figures tutélaires de cette « parole chanceuse », chacun muni de leur arsenal, concision implacable du texte et force d’intimidation du discours.
A lire un article dans Bela.

Avec le vent
Tout d’abord, il y a le souffle, celui qui rassure…
Ensuite arrive le son, celui qui raconte…
Virginia, Aram et Vardan soufflent leurs émotions et de ce souffle nous parviennent leurs histoires. L’histoire de l’exil, des souvenirs d’Arménie, un jour où le vent s’est levé et où il a fallu tout quitter.

Si je rêve, prends garde à toi
Camille n’arrive pas à dormir. Félix rêve. Camille invente ce que Félix rêve et Félix rêve ce qu’il rêve et ce que Camille invente. Une histoire de sirènes, de plage et de glaces.

La première fois que je suis devenu fou(le)
«Je pénétrais dans un champs de conscience qui m’était jusqu’alors interdit ou caché et je n’y reconnaissais rien. J’ai eu l’impression vertigineuse d’accéder à un nouvel étage de mon être. Je ne savais pas si j’étais mort ou si je venais de naître. Tout y était inouï et incertain. Je ne pouvais plus interpréter ce que je ressentais. J’avais un nouvel univers à déchiffrer dont chaque signe était un miroir de ma perplexité.
Je me suis dit, ou plutôt cela s’est dit à travers moi :
Ma folie est le dernier rempart entre moi et une liberté totale.
Qui cédera le premier ? Le rempart ? Moi ? Ou la Liberté ?»

El Gat

Photo de Aylen Torres
El Gat est aux aguets, il observe attentif et amusé la vie qui passe sur la Rambla del Raval. À travers l’écoute des paysages sonores du quartier et de la parole données aux habitants et passants, l’énigmatique Gat va révéler ses vies passées.
Du 12 au 24 septembre 2016, l’artiste sonore Chloé Despax réalise au cours d’une résidence à La Place cette pièce radiophonique sur El Gat, sculpture monumentale en bronze réalisée par Botero.
L’hörspiel qui en résulte est composé d’éléments sonores hétérogènes, collectés au travers d’une variété de dispositifs techniques et participatifs dans l’espace public. Soundscapes, poésies, matières sonores abstraites, multiplicité de voix et de langues s’y entremêlent pour donner corps et vie au félin gigantesque.
Pamela
Pour le dire en un mot, Pamela, c’est un feuilleton radiophonique à l’eau de rose infesté par un virus poético-trash appelé Processus, mélangeant tout avec tout, et bouleversant de façon délirante l’univers rose bonbon très conventionnel de Pamela et John.
Download the script in English HERE.
Et tout se tut — Und alles schwieg
Quatre voix d’hommes et femmes parcourent en allemand et en français les Sonnets à Orphée de Rainer Maria Rilke. Les voix, murmurées et vocalisées, enchevêtrent les langues et se déploient comme une matière sonore.
Mots, timbres, expression, scansion, suspensions, soupirs, rires… nous parlent de l’intérieur de l’être, celui animé de souffle et soumis simultanément à la gravité terrestre et à l’attraction des astres.