Les Marolles, quartier populaire situé au cœur de Bruxelles.
Dans le dédale des ruelles, sur la place du marché aux puces, dans les cuisines intérieures ou dans
la chaleur d’un café, je pose la même question aux habitants: «au cours de votre vie, avez-vous fui quelque chose?».
On me raconte des bribes de vie, on me recommande à un voisin, on se passe le mot. De bouche à oreilles, ma collecte d’histoires brasse les mémoires, remue le passé, s’amuse des sonorités, et voilà que la fuite prend des airs d’éloge qu’on ne lui connaissait pas. Une philosophie politique de la vie se fait jour. Un certain art de la fuite.

Courage, fuyons!

Version 133
Et si d’autres mondes étaient possibles ? Et si les Cités de la Grèce antique (Athènes, Argos, Thèbes…) avaient colonisé des continents et étaient devenues de véritables civilisations modernes ? Et si les super-héros avaient réellement existé ? Et si un « journaliste-prêtre » aux étranges pouvoirs était envoyé par son Dieu dans ce monde pour y mener une enquête ?
Une uchronie librement adaptée de la tragédie d’Euripide Les Héraclides – mais surtout une féroce satyre politique et sociale de notre temps.

Autopoïèse
« Elle est comment votre douleur là ? Sur une échelle de 1 à 10, elle est à combien ? ».
Derrière le rideau blanc d’une salle d’opération, se dresse un décor abstrait, celui d’un voyage qui prendrait sa source au coeur même d’une blessure. C’est ainsi que dans un état semi conscient, je reçois la visite du centaure Chiron. II m’indique un passage, un tout petit espace, une synapse, d’où provient un chant bien étrange…
Partant d’un événement vécu et des rencontres du réel, Autopoïèse propose des chutes et des variations, une descente vers la fiction, la poésie et la mythologie.
Retrouver sur Soundcloud, une interview de Anne Lepère — le 23/03/19 sur 48FM, lors de la diffusion de Autopoïèse dans l’émission «La porte ouverte à toutes les fenêtres».

Peur-répondre
Commentaires amenés à parler. Une création radiophonique de textes trouvés.
Au moment où l’outil politique — peur — est fécondé par la numérisation des médias une réaction semble vitale: articuler et partager les peurs diffuses, sournoises.
Les commentaires sont des fils de discussions sans queue ni tête. Ces polylogues se transforment-ils quant on tente de les faire entendre?
Malgré les algorithmes qui filtrent, analysent, censurent et des équipes d’administrateurs qui gèrent du contenu; il n’y a pas de vue d’ensemble. Nous ne pouvons qu’en retenir des fragments, des instantanés, des snap-shots. Des idées.
Comme matériau d’écriture, Peur-répondre utilise des commentaires écrits, authentiques, trouvés sur internet. Ils sont pris aux sérieux et interprétés par des voix amateurs. Nous avons rassemblé ces fragments sonores sous forme de collage.
Le discours n’est pas détachable du média. Quelle tableau apparaît lors d’une sonification hybride de ces plateformes, forcément subjective et linéaire? Nous avons traduit et rendu audible les éléments visuels des plateformes: Para-textes, Thumbnails, Likes, Scrolls etc.
À la place de la quantification et de la statistique, nous cherchons à rendre compte avec nos moyens artistiques. C’est notre contribution à la discussion.

Cartophonie, Le Sacrifice de Franck – Symphonie en 6 mouvements d’un Ancien Monde
1 er flux
Cerveau 1 – « Sommes-nous piégés dans une boucle musicale ? »
Cerveau 2 – « Imaginons les voix des protagonistes se matérialiser à partir d’un vinyle. »
Cerveau 3 – « Imaginons qu’elles essaient d’en sortir et pour cela elles doivent parcourir l’univers matériel du vinyle. »
2 ème flux
Cerveau 2 – « Alors comment s’imaginer ce monde ? »
Cerveau 3 – « Pourquoi pas une carte ? »
Cerveau 1 – « Une carte sonore afin de situer les protagonistes ! »
Dans un monde qui exerce une mainmise sur la totalité des activités individuelles, la radio passe en boucle un seul et même morceau de musique.
L’animateur dépourvu de passion va indirectement interférer dans la lecture de ce vinyle.
De ce simple mouvement, vont prendre forme les personnages du vinyle et petit à petit, mener une sorte de révolution contre leur vie monotone et répétitive.

Fantasmes

Crédit: Dominique Goblet
Fantasmes est une création radiophonique à ne pas à mettre entre les oreilles des personnes mineures ou sensibles. Le dispositif d’exploration sous hypnose, proposé par Marie Lisel, repousse les limites de l’imaginaire bien au-delà de ce qu’il est possible ou autorisé de vivre dans le réel partagé. Ce n’est que dans une dimension onirique que le fantasme, telle une caresse pour le cerveau, soulage la tension du désir. L’accompagné jouit alors de ses pleines potentialités aventureuses et émancipatrices.

Trait pour trait
Ni totalement fiction, ni exclusivement documentaire, ce portrait explore une zone de circulation où modèle et portraitiste se rencontrent. Comme un jeu de cligne-musette où les rôles de celui qui compte et de celui qui se cache seraient rendus poreux. Enregistrées lors de cinq tombées de nuit consécutives dans l’intimité du salon, les paroles de Nadia invitent l’auditeur à une partie de colin-maillard ; yeux bandés et bras tendus, libre de deviner les contours d’un visage qui prend inlassablement la tangente.

Jetuvounou
Les mots qu’on dit, ces sons si beaux qui sont des mots, ces sons-là font de nous des gens. Mais quand l’un de nous dit ce mot si fou : « je », qui dit : « tu » ?, qui dit : « vous », qui dit : « nous » ? Dans ces sons-là, tout se joue.

La parole chanceuse
La Parole chanceuse est, à l’origine, un court texte de Marguerite Duras issu de son recueil La Vie matérielle, dont ne subsiste ici que le titre. L’auteur y décrit l’armement invisible que procure une parole dite « chanceuse » face à un auditoire. Et quand ça vous est arrivé une fois parait-il, la parole chanceuse, ça vous arrive tout le temps ensuite.
L’emprunt de cette formulation « magique » sert de prétexte au déroulement d’un récit : le quotidien d’un foyer de jeunes filles, leurs apprentissage du monde. Les indices de temps, de lieux et d’actions sont lacunaires. À ce récit est enchâssé le discours de Mohamed Ali qui précéda son combat contre George Foreman en 1974.
La Parole chanceuse est une pièce radiophonique et musicale qui interroge tout à la fois le pouvoir émancipateur du verbe mais aussi son impuissance. Le premier enjeu de cette pièce fut d’interroger les codes du récit oral où la dramaturgie repose tout autant sur les mots qu’à travers la voix du narrateur, sa prosodie. Ce double lexique, entre représentation du langage et perception sensible de la voix, est devenu terrain d’exploration formel et musical. Cette infirmité du verbe à figurer les angles morts du langage est contournée par la voix elle-même. Le trébuchement des énoncés, les grains de voix variés, les arrêts et fractures donnent certains indices perceptifs au récit, à sa narration. Marguerite Duras et Mohamed Ali sont convoqués comme les figures tutélaires de cette « parole chanceuse », chacun muni de leur arsenal, concision implacable du texte et force d’intimidation du discours.
A lire un article dans Bela.

Avec le vent
Tout d’abord, il y a le souffle, celui qui rassure…
Ensuite arrive le son, celui qui raconte…
Virginia, Aram et Vardan soufflent leurs émotions et de ce souffle nous parviennent leurs histoires. L’histoire de l’exil, des souvenirs d’Arménie, un jour où le vent s’est levé et où il a fallu tout quitter.